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Envoi de jambars au Niger : Et le peuple sénégalais dans tout ça ! (Par Mbaye Sadikh)

Dans sa parution du jour, L’Observateur révèle l’existence d’une note dans laquelle le chef d’Etat major général des armées invite le «détachement du Sénégal» (Detsen1/Ecomif) du Sénégal à un rassemblement prévu, ce lundi à Thiès. Un haut gradé de l’armée confie à ce journal que les militaires sont prêts et n’attendent que le signal des autorités. Ainsi, le Sénégal est plus que jamais déterminé à envoyer des soldats au Niger pour déloger les putschistes.

Mais que pense le peuple sénégalais de cette intervention ? A ce stade, personne ne peut répondre à cette question, car rien n’est fait pour avoir l’avis de ce peuple avant un quelconque déploiement des troupes. Pourtant, malgré son attitude va-t-en-guerre, le président nigérian, Bola Tinubu, a consulté le sénat de son pays qui a rejeté cette option. Au Sénégal pas un seul débat sur la question, même pas au sein de la représentation du peuple.

C’est regrettable de constater qu’à la place d’une assemblée nationale, le Sénégal dispose d’une assemblée de complotistes qui ignorent royalement les préoccupations majeures qu’elles soient nationales ou internationales. En effet, au moment même où cette question de l’intervention de la Cédéao au Niger fait l’actualité, l’Assemblée nationale du Sénégal était en session.

Mais il n’y a pas eu un seul mot sur ce point. Les députés sont préoccupés à réhabiliter des candidats éliminés de la présidentielle de 2019 par une manipulation de la justice, tout en écartant un autre candidat par le même procédé. Même lorsque des soldats sénégalais doivent être envoyés dans un bourbier comme celui du Niger, les députés, majorité comme opposition, sont toujours absents. De toute façon, depuis l’indépendance, l’Assemblée nationale du Sénégal est dans une perpétuelle série de manœuvres bassement politiciennes. Il n’y a que les questions électoralistes qui intéressent les députés.

A ce propos, on note d’ailleurs que malgré la cherté excessive du kilogramme d’oignon (1 200, jusqu’à près de 2 000 à Ziguinchor), aucun député n’a pensé interpeller le gouvernement avec une question d’actualité destinée au ministre du Commerce  Abdou Karim Fofana qui a déserté pour laisser la patate chaude à Assoumana Sané, directeur de l’agence de régulation des marchés.

Mais pour une fois, les représentants du peuple ne sont pas les seuls à être invisibles. La société civile prompte à se saisir elle aussi des questions électorales ne se fait pas entendre davantage. Une partie de cette société civile semble se préoccuper plus du sort de l’opposant Ousmane Sonko, alors que l’autre partie s’intéresse plus au processus des élections, peu importe les candidats. Certes, Alioune Tine a appelé sur Twitter à éviter la ‘’surenchère et l’autisme’’ sur le Niger et à privilégier, ‘’la palabre africaine’’, mais la vérité est que ce n’est pas ce petit geste qui va instaurer le débat.

Du côté des intellectuels, la même chose est remarquée. On a vu une centaine d’universitaires cosigner un texte pour parler de question politique, trois universitaires ont uni leur plume pour se saisir d’une question majeure. Des journalistes se sont exprimés contre un éventuel troisième mandat de Macky Sall. Mais aujourd’hui, le débat est quasi inexistant. Certes, il y a un texte collectif où l’on retrouve des universitaires, des écrivains, des journalistes, des entrepreneurs, mais c’est loin d’être suffisant pour en faire une question majeure. Il suffit de voir la Une des journaux depuis une semaine pour se rendre compte que cette intervention est un sujet secondaire au Sénégal. Les journaux s’intéressent au conflit de Yewwi, à la promotion d’Amadou Ba ou d’Abdoulaye Daouda Diallo ou alors des histoires ‘’d’attentats’’ manqués.

De ce fait, le président de la République reste le seul maître à bord pour décider si oui ou non, les soldats sénégalais doivent être envoyés au Niger. Certes ce n’est pas parce que le peuple exprime son opposition que le chef de l’Etat se gardera de les envoyer à l’aventure, mais ce débat aura au moins le mérite de préciser la position des forces vives de la nation. Et si jamais elles sont contre et que le président persiste, il sera le seul responsable et n’aura aucune excuse pour avoir été averti à temps.

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