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Affaire Ousmane Sonko : Quand l’ »inactivité » des leaders de Yewwi fait grincer des dents

Alors qu’Ousmane Sonko cherche à récupérer ses fiches de parrainage à la DGE, les leaders de Yewwi Askan Wi, eux, sont à la recherche de parrains en perspective de la Présidentielle de février 2024. Une « inactivité » qui fait déjà grincer des dents au sein de la principale coalition de l’opposition.
Ayib Daffé, mandataire du candidat Ousmane Sonko, s’est rendu, hier lundi, au siège de la Commission électorale nationale autonome (Cena), espérant y retirer les fiches de parrainage de son mentor. Las. Il a été obligé de rentrer bredouille, parce que n’ayant pas trouvé sur place le nouveau président Abdoulaye Sylla. La Cena avait, dans une note signée de son désormais ex-président Doudou Ndir – limogé par Macky Sall – estimé qu’« en l’état de la procédure, sauf disposition légale contraire et sans préjudice d’une décision de justice à intervenir, monsieur Ousmane Sonko doit jouir de son statut d’électeur inscrit sur les listes électorales avec tous les droits y attachés ». 
Mais la Direction générale des élections (DGE) a campé sur sa position, en s’accrochant au « caractère suspensif » de la décision du tribunal d’instance de Ziguinchor, suite au recours introduit par l’agent judiciaire de l’État (AJE).
Malgré tout, la coalition Yewwi Askan Wi s’est contentée d’un communiqué de presse pour appeler à « contraindre le régime à mettre un terme à l’arbitraire et à l’acharnement contre M. Ousmane Sonko, pour éviter tout risque d’escalade préjudiciable à la paix civile au Sénégal ».
« On ne nous a pas convoqués pour une conférence de presse pour alerter l’opinion nationale et internationale. Mais on a quand même sorti un communiqué pour dénoncer cette forfaiture de l’État du Sénégal à travers la Direction générale des élections », se défend un cadre de Yaw. 
Il admet, tout de même, « une sorte de léthargie » due aux préparatifs des leaders à l’élection présidentielle. « C’est vrai, on était beaucoup plus actifs sur les médias et réactifs sur certaines questions. Mais tout cela est dû au fait que chacun, avec ses lieutenants, est en train de préparer sa campagne. Depuis quelques semaines, les gens sont sur le terrain pour recueillir des parrainages », tente de convaincre notre interlocuteur, qui « jure » que « cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas de tout cœur avec Ousmane Sonko et nous serons toujours prêts à en découdre avec Macky Sall et son régime pour des élections libres, transparentes et inclusives auxquelles prendront part tous les candidats ».
De son côté, un cadre de l’ex-parti Pastef du maire de Ziguinchor n’est pas allé par quatre chemins pour déplorer « une somnolence » des ténors de Yewwi. « Il faut se dire la vérité ; les gens ne communiquent plus. En réalité, pour une raison ou une autre, beaucoup ne souhaitent pas qu’Ousmane Sonko prenne part à ces élections », a-t-il martelé, estimant qu’ils comptent sur « le combat juridique mené par les avocats et la communication sur les réseaux sociaux ».

Pluralité de candidatures
 Il faut, toutefois, rappeler que cette pluralité de candidatures s’inscrit dans le cadre de l’engagement pris par toutes les entités politiques signataires de la charte de la coalition Yewwi Askan Wi consistant à présenter une liste unique pour les élections locales du 23 janvier 2022, les élections législatives du 31 juillet 2022 et de soutenir le candidat d’un parti ou mouvement membre de la coalition Yewwi Askan Wi qui serait qualifié pour le second tour. 
En effet, dans ce document, tous les signataires ont pris l’engagement «de présenter une liste unique dans chaque commune, ville et département du Sénégal pour les élections locales du 23 janvier 2022 ; chaque parti ou mouvement signataire s’abstenant de présenter ou de soutenir une liste concurrente à celle de la coalition Yewwi Askan Wi ». 
 Outre les élections locales du 23 janvier 2022, les partis ou mouvements signataires de la charte de la coalition YAW se sont engagés de « poursuivre la dynamique unitaire aux élections législatives de 2022, afin de redorer l’image de l’Assemblée nationale en restaurant ses véritables fonctions de législateur, de contrôle de l’action du gouvernement et d’évaluation des politiques publiques ».
S’agissant de l’élection présidentielle, les leaders de Yewwi Askan Wi s’engagent à « poursuivre cette collaboration jusqu’à l’élection présidentielle de 2024, notamment par la supervision de l’ensemble du processus électoral et par l’engagement de soutenir, le cas échéant, le candidat du parti ou mouvement membre de la coalition Yewwi Askan Wi qui serait qualifié pour le second tour, sous réserve de l’élaboration préalable d’un programme minimal commun ». 
Toujours concernant la prochaine Présidentielle, les leaders se sont également engagés, dans le cadre de cette charte, à « s’abstenir, individuellement, de tous compromis ou compromissions politiques avec le régime de Macky Sall », mais aussi « de tout acte ou propos visant à jeter le discrédit sur la coalition ou de toute attaque contre un membre de la coalition ».

Yewwi, Taxawu et les «traitres»
Mais cette démarche n’a pas manqué de provoquer une fracture, en particulier avec la branche de l’ancien maire de Dakar. 
En effet, après avoir été élus sous la même bannière en juillet 2022, les leaders de la coalition avaient décidé de « mettre fin au compagnonnage » avec Taxawu Sénégal, en août dernier, conséquence de la participation de Khalifa Sall au Dialogue national initié au mois de mai 2023 par le président Macky Sall.
Mais les choses se sont corsées à la mi-octobre, à la rentrée parlementaire. Les députés de Taxawu, dont Barthélemy Toy Dias, Ndèye Fatoumata Dabo, Ndèye Satala Diop, Malick Kébé, Oumar Cissé, Thierno Diop, Babacar Mbengue ont déposé leur démission du groupe de la principale opposition, dénonçant des « manoeuvres » de leurs collègues de Pastef qui, d’après eux, ont déposé la liste pour la constitution du bureau sans leurs noms. Une nouvelle donne qui a aussitôt changé les équilibres au sein de l’hémicycle, même si chaque camp accuse l’autre de « trahison ». 
« À cause de notre départ, le groupe va perdre en influence avec quatre postes en moins au sein du nouveau bureau de l’Assemblée nationale », a déclaré Babacar Abba Mbaye. Selon lui, ce sont les députés de Yewwi Askan Wi qui les ont poussés à partir. 
« Ces démissions n’ont pas d’impact ni sur le groupe parlementaire ni sur la coalition. L’essentiel n’est pas d’obtenir des postes au sein du bureau, mais de pouvoir défendre nos concitoyens dans l’hémicycle », a rétorqué Cheikh Tidiane Youm.
Pourtant, dans une sortie médiatique en mai dernier, Khalifa Sall avait rassuré, quant à une éventuelle implosion de cette  alliance, avec l’ambition de chaque membre d’être candidat en 2024. «Yewwi Askan Wi, c’est du solide avec un degré de complicité unique entre leaders respectables. La pluralité des candidatures est une formidable opportunité pour brasser large et on doit brasser large », avait-il indiqué. 

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