Plan B de PASTEF : Comment Guy Marius Sagna a pris une longueur d’avance sur ses concurrents
Même si du point de vue judiciaire Ousmane Sonko reste encore dans la course à la…
Même si du point de vue judiciaire Ousmane Sonko reste encore dans la course à la présidentielle (aucune condamnation définitive), au sein de l’ex-Pastef, trois à quatre hauts responsables ont déjà retiré des fiches de parrainages pour, certainement, parer à toutes éventualités. Parmi ceux-ci, il y a le député Guy Marius Sagna qui, par ses actes politiques, semble prendre une longueur d’avance sur les autres.
« Ousmane Sonko est notre candidat. Pour ceux qui en doutaient encore, Pastef est debout, plus fort et insoumis que jamais et prêt à exercer le pouvoir au service du peuple ». C’est en substance ce qu’a déclaré Guy Marius Sagna, ce samedi 28 octobre, à Bergamo, à l’occasion de la réception d’un chèque des 100 millions F Cfa mobilisés par Pastef/Italie.
Le député de Yewwi Askan wi, qui s’était fait remarquer lors de la rentrée parlementaire en septembre 2022, en arrachant l’urne de l’hémicycle, a brillé par son absence, lors de l’ouverture de la session unique, en septembre dernier. Le contexte politique oblige. A quelques mois de l’élection présidentielle, il mène une tournée qui l’a déjà conduit dans beaucoup de pays européens à la rencontre de la diaspora sénégalaise.
Guy, « le reflet de Sonko »
Et selon des informations obtenues auprès de ses proches, Guy Marius Sagna, présenté aujourd’hui comme étant l’un des potentiels plan B d’Ousmane Sonko, compte, dès son retour au Sénégal compte « poursuivre » ses tournées à l’intérieur du pays.
En tout état de cause, cette stratégie est menée à la place et pour la cause de son leader, Ousmane Sonko, actuellement dans les liens de la détention. Une démarche qui lui permet d’engranger de la sympathie dans les rangs des militants du principal opposant au régime de Macky Sall. Ceci, en sus des actes vis-à-vis d’Ousmane Sonko qui ont fini de marquer les « patriotes ».
A titre d’exemple, rappelons que le 15 mars 2023, Guy Marius Sagna avait reçu un projectile sur sa cuisse droite à la Cité Keur Gorgui, alors qu’il voulait se rendre de force chez Ousmane Sonko, barricadé à l’époque. Quelques jours plutôt, il a réussi à « chiper » ce dernier des mains des éléments de la gendarmerie qui voulaient l’amener de force au tribunal de Dakar pour répondre de l’affaire l’opposant au ministre Mame Mbaye Niang. « Des éléments de la Bip ont voulu le kidnapper et nous nous y sommes opposés physiquement », a-t-il déclaré. Et de poursuivre : « Nous avons arraché Ousmane Sonko des mains de la Bip pour le faire entrer dans une voiture. Et dans ce véhicule-là, ils ont essayé de l’extirper, nous l’avons ceinturé pour qu’il ne sorte pas de cette voiture. C’est là où ils ont utilisé des pompes qu’ils ont appliquées sur nos yeux ».
Docteur en sciences juridiques et politiques, Cheikh Oumar Diallo est d’avis que l’activiste de 43 ans « incarne incontestablement le reflet d’Ousmane Sonko ». L’analyste politique ajoute que « cette convergence de caractéristiques est une force qui pourrait bouleverser le paysage politique et électoral, dans la mesure où ce duo incarne une certaine forme d’espoir et de renouveau politique ».
Pour lui, le parlementaire n’est pas un acteur politique préfabriqué, mais plutôt un individu façonné par une histoire et une éducation politique profonde. « Guy a puisé dans les enseignements des grandes figures politiques telles que : Lénine, Mao, Trotski, Brejnev, Confucius, Tito, Gandhi, Majmouth Diop, Cheikh Anta Diop, et bien d’autres encore. Son environnement familial et éducatif l’a exposé très tôt à des idées et des idéaux révolutionnaires », analyse le Dr. Diallo.
Front social, gain politique
L’autre atout de M. Sagna, c’est que son combat sur tous les fronts lui a offert un gain politique. En effet, bien avant son entrée à l’Assemblée nationale, il avait déjà les allures de « représentant du peuple ». Cet assistant social, qui se définit comme panafricaniste, n’hésite pas à donner de sa personne pour lutter contre toute forme d’injustice sociale et pour la défense des opprimés. Que ce soient des manifestations contre la vie chère, contre les arriérés de salaire pour les employés d’une entreprise ou contre la loi sur le terrorisme, le leader du mouvement Frapp/France dégage, à travers ses diverses arrestations et incarcérations, s’est forgé une carapace de lutteur infatigable.
Chez Guy Marius Sagna, la critique contre la France est mûrie et construite, fondée par une filiation panafricaniste dont il se réclame. Pour lui, s’il admet que la France comble un vide au Sénégal, c’est en toute conscience. Il avance « pour que la France soit présente, il faut que l’Afrique soit absente », précisant que ce combat ne bascule jamais pour autant dans la haine ou le désir de vengeance. Il cultive la radicalité avec une certaine élégance. Tout le mal du continent semble pour lui être le fait de cette subordination à l’ancienne puissance coloniale, dont il critique toute présence. Il épingle le FMI, l’OMC et la Banque Mondiale comme agents de ce complot, « occupés à réunir les conditions d’un combat entre le pot de fer et le pot de terre ».
Mais sa parole n’est pas plus tendre pour la françafrique qui, pour lui, n’a pas véritablement évolué. Il lâche, moqueur, avec un sens de la formule étudié :« elle continue à utiliser soit la carotte de la francophonie ou des financements de l’AFD, soit le bâton du bombardement du palais de Gbagbo ». Sa critique de la présence française n’épargne pas non plus les médias français de la diaspora, comme RFI, TV5, Le Monde Afrique, dont il présente les desseins ainsi : « leur objectif est moins de concurrencer la presse nationale que de la renforcer, de lui donner les grilles de lecture des dominants, de se subordonner la presse dominante des néo colonies africaines».
Mais l’on a noté, depuis quelque temps, un véritable changement dans la communication de Sagna. Il ne mise plus sur le slogan « France dégage », mais s’est lancé dans un combat visant à faire revenir Ousmane Sonko dans la course à la présidentielle du 25 février 2024. « Sonko day bokk, Macky Dou bokk » (Ndlr : Sonko va participer à l’élection, c’est Macky qui ne va pas participer, en wolof), chante-t-il dans chaque tribune. Quid à accorder des interviews aux mêmes médias français qu’il critiquait.
Aujourd’hui, il est considéré par beaucoup d’observateurs comme le sosie en presque tout d’Ousmane Sonko, dont il est devenu très proche. Et « s’il y a une revanche à prendre sur Macky Sall, faute d’être au rendez-vous du 25 février, Ousmane Sonko verrait bien un empêcheur de gouverner et de tourner en rond comme Guy Marius Sagna, l’autre enfant turbulent pour le régime », a analysé pour Seneweb Hamath Kane, journaliste et rédacteur en chef de Bes bi/ Le jour, ajoutant, que même si chez les « Patriotes », beaucoup parlent de Birame Souleye Diop, Bassirou Diomaye, entre autres, le député et activiste peut être la surprise du chef.
Selon l’analyste politique Mamadou Sy Albert, Guy Marius serait le candidat idéal pour l’ex-Pastef, car il est devenu l’un des visages des patriotes et a une forte convergence de vues avec le mouvement d’Ousmane Sonko. ‘’Guy Marius Sagna entretient une relation étroite avec Sonko et a fait gagner le parti à Ziguinchor. Sur le plan idéologique, il incarne parfaitement le discours antisystème, anti-impérialiste d’Ousmane Sonko. Son mouvement Frapp/France dégage est largement connu des Sénégalais et son engagement qui ne souffre d’aucun doute est bien antérieur à celui de Pastef’’, affirme-t-il.