Nous ne sommes pas opposés à l’idée d’attribuer un véhicule de fonction à chaque parlementaire. Toutefois, ce qui nous interpelle, c’est le coût exorbitant de cette mesure, surtout dans un contexte de rigueur budgétaire, conséquence directe des scandales de corruption à répétition sous le régime sortant.
Dans un esprit de rationalisation des dépenses publiques, nous proposons une solution plus sobre : doter chaque député d’un véhicule de service dont la valeur n’excède pas 15 millions de francs CFA, payable sur une période de cinq ans par le parlementaire lui-même. Au terme du mandat et du remboursement, le véhicule reviendrait au député. Ce mécanisme permettrait à l’État d’éviter l’accumulation de voitures inutilisées dans le parc automobile public, un phénomène courant dans notre administration.
Cette mesure permet de combler un autre méfait de notre administration publique. En effet, au Sénégal, les véhicules de fonction sont bien trop souvent utilisés à des fins personnelles. Cette pratique illustre une mentalité où une élection ou une nomination est perçue comme une consécration sociale plutôt qu’un engagement au service de la nation. Or, une telle conception est en total décalage avec les idéaux et les aspirations portées par PASTEF.
Cependant, le Sénégal d’aujourd’hui a besoin de fonctionnaires profondément patriotes, capables de reléguer leurs ambitions personnelles, voire leur confort matériel, au second plan, afin de faire primer l’intérêt général. Nos agents publics ne doivent pas rechercher le luxe ni s’attacher aux privilèges. Car cette quête de confort personnel au détriment du devoir public ouvre grand la porte à la corruption.
Et les conséquences de la corruption sont bien connues en Afrique: aggravation des inégalités sociales, frein au développement économique, affaiblissement des institutions, et fuite des talents; c’est-à-dire la fuite des ressources humaines précieuses dont notre pays a tant besoin.
Il est temps d’instaurer une nouvelle culture de la gestion publique, fondée sur la sobriété, la transparence et le service désintéressé de la Nation sénégalaise.
Professeur Maodo BA,
Membre de Moncap-France,
sous-commissariat Affaires étrangères et panafricaines.